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« Cro man » : Une revisite de la lutte des classes tout en pâte à modeler
Rien qu’à voir l’affiche officielle du film, on aurait pu croire à une transposition simpliste des personnages et de l’univers de Wallace et Gromit à la préhistoire. Il n’en est rien. C’est un nouveau monde, de nouveaux protagonistes et une nouvelle histoire que nous propose Nick Park, virtuose britannique du cinéma d’animation en volume. Dans ce nouveau long-métrage du studio Aardman, l’Âge de pierre affronte l’Âge de bronze dans un sport ultra-populaire : le football. L’objectif pour la tribu d’hommes des cavernes emmenée par Doug, le héros du film, est de conserver son indépendance et ne pas se soumettre à la puissance militaire de Lord Nooth, gouverneur corrompu et imbus de sa personne.
Bien évidemment, ceux qui maîtrisent le bronze maîtrisent aussi le ballon rond. Doug et ses amis, eux, n’ont jamais joué au football de leur vie, et quand ils s’y essaient, ce n’est pas vraiment pour marquer des buts. Ce sont donc deux mondes qui s’affrontent : celui des Cro-Magnon, traditionnaliste, en communion avec la nature, vivant de la chasse, de la pêche et de la cueillette, et celui du Bronze, plus capitaliste, avide de gloire, de conquête, de pouvoir et de richesse. Voilà donc une revisite de la lutte des classes tout en pâte à modeler. Cro Man reste cependant dans la lignée des autres films du studio Aardman, débordant d’humour et d’imagination, avec ses canards colverts géants, ses cochons à dents de sabre et ses insectes à mandibules qui font office de rasoir électrique.
L’autre grand atout de Cro Man, ce sont ses personnages, plus originaux et extravertis les uns que les autres, parmi lesquels un footballeur aussi coquet qu’une fillette et très fier de sa longue chevelure blonde, un homme des cavernes boulimique ou encore un pigeon voyageur faisant office de messagerie vocale. Des personnages drôles, parfois ridicules mais toujours très attachants, s’abandonnant parfois à de beaux moments de tendresse et de complicité. Preuve que des acteurs en pâte à modeler peuvent émouvoir autant que des acteurs en chair et en os. Même le féminisme se fait une place de choix dans le film en la personne de Goona, une jeune fan de football à la technique de jeu irréprochable mais qui se voit refuser l’accès au terrain au simple motif qu’elle est une femme.
Enfin, il y a le génie de Nick Park, celui qui conçoit les décors de ses films avec la minutie, la précision et la passion d’un horloger, celui qui parvient à insuffler une part de rêve, de féerie et de magie, le tout avec une ironie et une légèreté qui séduit toujours.
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