La programmation
En collaboration avec Zawya et Cimatheque
Place Tahrir, Le Caire, janvier 2011. Pendant dix-huit jours plusieurs millions d’Egyptiens y exigent le départ de leur président Hosni Moubarak. Réunissant des manifestants de divers milieux socio-économiques, il s’agit du plus grand mouvement populaire que l’Égypte ait jamais connu. Le mouvement aboutit le 11 février 2011 au transfert du pouvoir à l’armée, tandis que le président Moubarak se retire dans sa résidence de Charm el-Cheikh.
La « révolution de janvier », comme l’appellent aujourd’hui les Égyptiens, sera racontée à travers les témoignages de ses protagonistes (Ultras of Egypt 27.01, Cairo drive 04.02,Clash 12.02), mais aussi à travers le regard de ceux et celles qui l’ont suivie depuis la campagne (I am the people 16.02) ou en la regardant par la fenêtre (Le balcon de Titi 13.02).
En 2013, sur cette place devenue le symbole de l’expression populaire, un nombre plus élevé d’Égyptiens exigeait le départ du président démocratiquement élu en juin 2012, M. Mohamed Morsi. À l’issue d’un coup d’État, l’armée reprenait le pouvoir. La résistance pro-Morsi tenta de s’organiser mais fut réprimée dans un bain de sang quelques semaines plus tard : un millier de morts le 14 août 2013 sur la place Rabia. Un an plus tard, en mai 2014, le maréchal Abdel Fattah Al-Sissi se voyait plébiscité à la présidence de la République avec 97 % des suffrages. Depuis, que se passe-t-il ? Si le pouvoir égyptien peut n’avoir pas muté, les égyptiens ont-ils changé après les événements de Place Tahrir?
In the last days of the city 23.01, Rester vivants 21.02 et Whose country? 26.01 tentent d’y répondre en dressant le portrait d’une génération engagée, naviguant entre routine et colère.
Malgré le fait que dans l’espace public la tradition impose aux femmes une attitude de silence et de soumission, les événement survenus en 2011 ont montré qu’il existe un nouveau modèle, particulièrement actif, de participation féminine. Dans ce sens Amal 25.01, The Trials of spring 20.02 et ANA ANA 09.02 questionnent la “révolution de janvier” du point de vue des femmes et s’articulent autour d’une question essentielle si non existentielle: leurs droits ont-ils évolués ?
Alors que, depuis des décennies, les grandes vedettes de la pop n’hésitent pas à chanter la gloire de l’armée ou la grandeur des dirigeants égyptiens, les artistes de la scène underground ont participé et encouragé le soulèvement de 2011 contre le régime de Moubarak. Des films tels que Underground on the surface 19.02 nous montrent comme les révoltes ont permis l’émergence d’une génération attirée par d’autres formes de pensée et des genres musicaux différents…
Durant cette nouvelle édition de l’HEURE D’HIVER, nous traverserons les Tanneries, où les Cairotes cohabitent quotidiennement avec la présence massive de produits chimiques extrêmement nocifs (Poisonous Roses 18.02, Living skin 07.02) et les quartiers les plus pauvres du Caire où certain(e)s habitant(e)s arrivent à survivre grâce à un système de solidarité ancré dans leur quotidien (What comes around 05.02, These girls 17.02).
La sélection de court-métrages proposée à la fois par ZAWYA et par CIMATHEQUE sera l’occasion de mieux rencontrer ces deux structures et de découvrir la nouvelle génération de cinéastes.
Toujours en collaboration avec Zawya et dans le cadre de “Youssef Chahine: The Restoration Project” l’HEURE D’HIVER aura l’honneur de diffuser des classiques du célèbre réalisateur égyptien disparu il y a dix ans.
ZAWYA
Misr International Films (MIF) a lancé Zawya en mars 2014 en tant que premier cinéma d’art égyptien, situé au Cinéma Odeon au centre-ville. Avec une programmation composée de sorties en salle et d’événements ponctuels, Zawya propose des des courts métrages, des documentaires, des longs métrages et des films expérimentaux réalisés dans des circuits alternatifs et provenant du monde entier.
Zawya désire aussi encourager les films indépendants locaux et promouvoir le travail de jeunes cinéastes égyptiens et arabes. En 2018, Misr International, en collaboration avec des partenaires égyptiens et européens, a restauré les films de Youssef Chahine à l’occasion du 10e anniversaire de sa disparition, afin de rendre hommage à son héritage, de lui donner une nouvelle vie et de le ramener au grand écran.
CIMATHEQUE & TAMER EL SAID
La CIMATHEQUE est un cinéma alternatif qui célèbre la diversité, la beauté et la puissance des films créés en Egypte et dans ces alentours.
Né de l’expérience du travail dans le secteur à un moment exceptionnel de l’histoire de l’Égypte, c’est un espace conçu pour les cinéastes et les cinéphiles, pour regarder des films et en discuter, pour apprendre le cinéma et le créer dans l’importance de préserver le patrimoine cinématographique et regarder vers l’avenir en soutenant la culture alternative du film. Avec un programme annuel de projections, d’ateliers et d’événements, la CIMATHEQUE est ouverte à tous les âges et à tous les niveaux d’expérience.