L’Adieu : « Une perle de comédie dramatique » – Cinema Galeries

L’Adieu : « Une perle de comédie dramatique »

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    Très inspiré par l’histoire personnelle de la réalisatrice sino-américaine Lulu Wang, « L’Adieu », chronique entre deux cultures, est une perle de comédie dramatique.

    Joëlle Lehrer pour L’Echo


    Billi, jeune artiste trentenaire, vit à New York et rêve d’obtenir une bourse de la Fondation Guggenheim. Elle téléphone régulièrement à Nai Nai, sa grand-mère, qui n’a pas quitté Changchun, le berceau chinois de la famille. Et celle-ci lui administre à chaque fois ses conseils comme, par exemple, de ne pas circuler en rue avec des écouteurs dans les oreilles. Nai Nai assure à Billi que tout se passe bien pour elle. La vérité est autre, la grand-mère souffre d’un cancer pulmonaire mais ni le médecin, ni la sœur qui l’accompagne ne comptent le lui dire.

    En Chine, on pense qu’on ne meurt pas d’un cancer mais de l’angoisse de savoir qu’on a un cancer. Enfin, c’est ce que nous apprend la réalisatrice Lulu Wang dont ceci est le deuxième long-métrage. Installée à Los Angeles, avec son compagnon Barry Jenkins (le réalisateur oscarisé de « Moonlight » et de « Si Beale Street pouvait parler »), Lulu appartient à la nouvelle génération de femmes réalisatrices sur laquelle Hollywood compte depuis le mouvement Times Up. Et qui n’a pas eu de nominations aux Oscars…

    L’électron libre de la famille

    Inspirée d’une histoire réelle, « L’Adieu » (« The Farewell » en version originale) mêle avec justesse, humour et sentiments la confrontation entre les cultures américaine et chinoise. Afin d’entourer Nai Nai dans ses derniers jours, toute la famille se donne rendez-vous à Changchun en prétextant le mariage de son petit-fils. Les uns arrivent des Etats-Unis, les autres du Japon où ils ont choisi de vivre. Ils ne se sont pas réunis depuis vingt ans. Billi, au milieu de tous, apparaît comme l’électron libre de la famille. Elle découvre la Chine, qu’elle a quitté enfant.

    La maison familiale a disparu au profit de tours à appartements. Encore fort alerte, Nai Nai organise comme un chef les préparatifs du mariage. On apprend que, dans sa jeunesse, elle appartenait à l’armée chinoise et avait plus d’un prétendant. L’amour entre les membres de cette famille est immense mais le lien qui unit la grand-mère à sa petite-fille est particulier. Nai Nai enseigne à Billi les préceptes de la gymnastique chinoise et aussi sa sagesse millénaire. « L’important n’est pas ce que tu fais de ta vie mais comment tu le fais« , lui dit-elle. Billi peine à accepter que l’on mente à Nai Nai sur son état de santé. Parce qu’en occident, on ne cache pas la vérité au malade. Peu à peu, tout ce qu’elle découvre de la Chine l’amène à changer sa vision des choses en général et des liens entre ceux qu’elle chérit.

    Crazy Asian American

    Pour incarner la très branchée Billi, Lulu Wang a choisi Awkwafina. Actrice mais aussi rappeuse et présentatrice télé, Awkwafina faisait partie du casting cinq étoiles de « Ocean’s 8 » (avec, entre autres, Cate Blanchett et Sandra Bullock) et de « Crazy Rich Asians » qui fit un carton au box office US. Le rôle de Billi dans « L’Adieu » a déjà valu à Awkwafina le Golden Globe de la meilleure actrice dans une comédie. Dans cette catégorie, elle a coiffé au poteau des superstars telles que Cate Blanchett et Emma Thompson. Nul doute qu’on entendra encore beaucoup parlé de cette jeune actrice cool et talentueuse, nouvelle ambassadrice des Asian Americans.