Pour son premier film en salles ce mercredi 28 février, Greta Gerwig raconte avec grâce la dernière année de lycée d’une ado attachante dans l’Amérique de l’après-11 Septembre.
Elle a 17 ans, des mèches rougeâtres, un plâtre rose au bras droit. Son nom est Lady Bird. En tout cas, elle aimerait bien. Même si sa mère s’obstine à l’appeler bêtement Christine, sous prétexte que c’est son vrai prénom, pourtant d’une effroyable banalité. A vrai dire, c’est sa vie entière que, depuis peu, Lady Bird trouve d’une effroyable banalité. Sa maison, son quartier, son lycée catholique, tous ses camarades (ou presque), ses parents, son frangin, sa classe sociale : moyen, moyen, et encore moyen. Elle ne rêve que de tumulte et d’évasion, d’école d’art sur la côte Est, à des milliers de kilomètres de la Californie et de son Sacramento natal.
Connue pour ses délicates performances d’actrice (notamment chez Noah Baumbach, de Greenberg à Frances Ha), Greta Gerwig passe à la réalisation avec la même grâce, la même sensibilité fantasque. Chronique plus ou moins autobiographique d’une dernière année de lycée, en équilibre fragile entre les vestiges de l’enfance et les promesses de l’âge adulte, le film embrasse tout avec la même tendresse railleuse, la même lucidité enchantée. Lady Bird s’impose d’emblée comme l’une des adolescentes les plus attachantes du cinéma de ces dernières années.
L’imagination en surchauffe, le verbe agile et la psyché en désordre, cette mouflette d’aujourd’hui (ou plutôt d’hier soir, le film se situant en 2002, dans l’Amérique inquiète de l’après-11 Septembre) réussit l’exploit d’être très singulière, tout en exprimant une crise de croissance universelle. Les dialogues sont malins, inspirés, jamais trop écrits, et l’actrice Saoirse Ronan fait des étincelles. Elle habite son personnage avec une énergie vitale, un humour, une vulnérabilité qui éclairent chaque aspect de son quotidien.
Son entourage est tout aussi vivant et touchant, à commencer par la meilleure copine ou les petits amoureux, travaillés par leurs propres rêves – le premier n’ose pas s’avouer gay, le second se prend pour un poète beatnik, avec l’arrogante naïveté de la jeunesse. Et, derrière ces aventures faussement banales et vraiment justes, la cinéaste distille une secrète mélancolie, de celles qui accompagnent la fin d’une période, la mutation inévitable d’une famille et d’une relation filiale : dans son rôle de mère aimante et horripilée, Laurie Metcalf est inoubliable, comme le reste de la distribution. Ce récit d’apprentissage est si habité, si bien ancré dans son contexte, son milieu, son époque, qu’il dépasse le simple portrait féminin pour devenir un grand et beau film choral.
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