Avant-première Cinéfemme
Land of Mine / les Oubliés
Les Allemands, pendant la Seconde Guerre mondiale, minèrent tout le littoral européen, de l’Atlantique à la Baltique. Pour le rendre à nouveau accessible, les pays vainqueurs utilisèrent les soldats allemands prisonniers pour des missions de déminage.
Le film nous plonge directement au Danemark où les soldats vaincus, en longues files penaudes, marchent sur les routes. Carl Rasmussen, sergent de l’armée danoise, n’y va pas de main morte : seul dans sa jeep, il remonte une colonne de soldats défaits, cherche puis trouve un prétexte pour battre un soldat en déroute. Sa haine de l’Allemand n’a rien d’exceptionnel, elle agite tout le pays et augure des pires brimades pour l’unité qu’il est chargé de superviser : une vingtaine de tout jeunes Teutons rassemblés pour déminer une bonne portion de plage.
Il faut les voir, ces soldats allemands. Ils n’ont rien, mais vraiment rien, du Boche sanguinaire, ennemi juré et enfin maudit en plein jour. Leurs visages terreux, leurs grands yeux apeurés et leur très jeune âge (17, 18 ans ?) sont autant d’indices univoques qu’ils sont vidés par une guerre dont les enjeux planent loin au-dessus de leur tête.
Rasmussen voit bien tout cela. Aussi dur et intransigeant soit-il, il ne peut s’empêcher de développer avec eux, par la force des choses, un semblant d’échange, quelques moments où l’hostilité fait place à d’autres sentiments. Il leur a promis qu’une fois la zone sécurisée, ils pourraient retourner auprès des leurs, reconstruire cette Allemagne exsangue et en ruines. Mais le déminage comporte son lot d’inévitables accidents, et chaque erreur peut coûter une vie. Rasmussen oscille constamment, en fonction des événements tragiques, entre dureté et protection, entre cruauté et bonté.
Un film tout en tension qui remet en perspective un épisode oublié du conflit. Il ne s’agit ni de dédouaner des responsables ni d’un relativisme facile qui confondrait victimes et bourreaux, mais plutôt de montrer la complexité de situations éminemment tragiques dans une perspective tout simplement humaine.