Les Enfants du temps, une merveille – Cinema Galeries

Les Enfants du temps, une merveille

    Note des lecteurs2 Votes
    9.8
    9
    HORAIRES (VOSTFR) :  [rhc_next_upcoming_dates post_id="29977" max="21"]

     

    Petit génie de l’animation nippone, Makoto Shinkai signe un nouveau divertissement de très haut vol en prise directe sur les vibrations du coeur.

    Nicolas Clément pour Focus Vif

    Avec Mamoru Hosoda (Les Enfants loupsMiraï), il est ce qui est arrivé de meilleur au cinéma d’animation japonais depuis l’âge d’or du studio Ghibli d’Isao Takahata et Hayao Miyazaki. Réalisateur star du studio nippon CoMix Wave Films, Makoto Shinkai provient de Nagano où, dès le plus jeune âge, il dévore mangas et animes avant d’aller étudier la littérature à Tokyo. Par ailleurs graphiste de jeux vidéo, il signe en 2004, à 30 ans à peine, un premier long métrage, La Tour au-delà des nuages, qui lui vaut d’emblée une solide reconnaissance. La suite de sa filmographie (5 centimètres par seconde en 2007 et Voyage vers Agartha en 2011) assoit sa réputation et ses obsessions d’auteur: dualité entre ville et campagne et amour par-delà les distances, notamment.

    En 2016, Your Name est un immense succès public, touchant près de 20 millions (!) de spectateurs rien qu’au Japon. Se déroulant entre province et capitale, le film chronique un « échange » onirique de corps aux fascinantes conséquences entre une jeune fille élevée dans la montagne et un lycéen habitant la métropole. Porté par un romantisme brûlant et une soif d’absolu toute juvénile, Your Name est le chef-d’oeuvre de Shinkai, véritable raz-de-marée passionnel qui emporte tout sur son passage, entre lumineuses fulgurances esthétiques et sidérantes trouvailles scénaristiques.

    Plus chaud que le climat

    Avec Les Enfants du Temps, Makoto Shinkai prolonge aujourd’hui l’exploit: plus de douze milliards de yens de recettes, déjà, sur l’archipel pour ce nouveau petit bijou animé qui achève d’imposer son réalisateur au rang des maîtres incontestés du genre. Lycéen de seize ans biberonnant à L’Attrape-coeurs de Salinger, Hodaka y fuit son île pour rejoindre Tokyo. Sans argent ni travail, il tente de survivre dans la grouillante jungle urbaine de la capitale, touchée comme le reste du pays par un phénomène météorologique extrême se manifestant en incessantes pluies diluviennes. Bientôt embauché au sein d’un magazine spécialisé dans l’ésotérisme à la petite semaine, il fait, en pleine pêche aux infos, la connaissance d’une ravissante fille-soleil, Hina, jeune prêtresse du Temps capable de provoquer par ses prières de brèves éclaircies. Soit le point de départ d’une série de fantastiques aventures travaillant avec beaucoup de délicatesse le motif de l’eau -les averses, l’océan et les larmes imprimant leur va-et-vient comme autant d’éphémérides du coeur.

    Loin de la fable écologique très littérale qu’on pouvait craindre, Shinkai signe ainsi avec Les Enfants du Temps un nouveau bonheur de film, véritable concentré de vertiges graphiques qui transpire la joie à être au monde, à respirer, à vivre et à aimer avec cette furieuse liberté de ton propre aux meilleurs animes nippons. Arrosée de J-pop au kitsch délicieusement exacerbé, bourrée d’humour et d’idées inventives, cette peinture paroxystique d’une adolescence transcendée par le sentiment amoureux épate par la fluidité de sa narration et atteint une puissance émotionnelle proprement orgasmique. Une merveille.