Les critiques d’Hugues Dayez avec « Parasite », une grande Palme d’Or
RTBF 11/09/2019
Le 25 mai dernier, le jury présidé par Alejandro Inarritu a décerné à l’unanimité la Palme d’Or du 72ème Festival de Cannes au film « Parasite » du cinéaste sud-coréen Bong Joon Ho. Le film a également suscité un engouement général de la critique internationale. Belle revanche pour le réalisateur dont le film précédent, « Okja », produit par Netflix, avait été snobé dans la compétition cannoise il y a deux ans.
Dans la famille Ki-taek, on tire le diable par la queue, et c’est le règne de la débrouille, pas forcément dans les limites de la légalité. Un jour, le fils de la famille, Ki-woo, reçoit un tuyau d’un copain : la richissime famille Park recherche un professeur de cours particuliers d’anglais pour leur fille. Ki-woo arrive à bricoler un faux diplôme d’Oxford et ainsi à se faire engager chez les Park. Il découvre une fabuleuse villa-bunker, équipée de toute la domotique de pointe… Et entend bien en faire profiter sa propre famille.
Le réalisateur Bong Joon Ho a enjoint les journalistes à ne pas déflorer trop l’intrigue de « Parasite » (comme Alfred Hitchcock le fit, en son temps, pour « Psychose »), histoire de ne pas gâcher le plaisir du spectateur. On respecte bien volontiers son souhait, tant l’intrigue de son film réserve d’innombrables et de délicieuses surprises. Le scénario alterne suspense et humour, terreur et émotion avec un brio incontestable. Mais encore fallait-il être capable de porter à l’écran tout le potentiel de ce scénario. Et Bong Joon Ho fait preuve d’une maestria impressionnante. Le décor devient plus qu’un décor : la maison des Park, théâtre d’un huis-clos cruel, permet au cinéaste une mise en scène à la fois fluide et intrigante, qui fait preuve d’un sens parfait de l’espace et du rythme. En toile de fond, il réussit aussi une réflexion politique sur le fossé indécent qui se creuse entre les riches et les pauvres. Bref, voilà un grand film, un très grand film.