– La Libre **(**) – 27.03.2019
« La révolution silencieuse » (Das Schweigende Klassenzimmer) : Plongée dans la RDA de 1956, aux côtés de lycéens rebelles
Publié le – Mis à jour le
En 1953, à la frontière polonaise, la région industrielle d’Eisenhüttenstadt est renommée Stalinstadt. Une vitrine en quelque sorte du paradis démocratique est-allemand… Trois ans plus tard, on retrouve deux amis, Theo et Kurt, en vadrouille à Berlin-Ouest, goûtant à la liberté de la RFA. Au cinéma, avant le film, ils découvrent aux actualités l’insurrection en Hongrie. Quelques jours plus tard, ils apprennent, en écoutant la radio ouest-allemande avec leurs camarades de classe, que le mouvement a été maté par l’Armée rouge et que la star hongroise du foot Ferenc Puskás fait partie des victimes (même si l’info se révélera fausse). Le lendemain matin, ils se mettent d’accord pour organiser une minute de silence en classe. Un acte a priori anodin qui provoque la fureur des autorités : une enquête pour trouver les coupables est ouverte. Et les voilà catalogués, quasi malgré eux, de contre-révolutionnaires…
De facture très classique, La Révolution silencieuse offre une plongée dans la jeune République démocratique allemande, cinq ans avant la construction du mur de Berlin. Déjà auteur en 2016 de Fritz Bauer, un héros allemand , sur ce procureur juif et homosexuel qui traqua les criminels nazis, notamment Adolf Eichmann, Lars Kraume retrouve ici l’histoire de son pays.
Adaptant le livre autobiographique de Dietrich Garstka (qui fut l’un de ces lycéens ayant dû fuir à l’Ouest pour poursuivre leurs études), le cinéaste décrit l’oppression est-allemande au quotidien. S’inscrivant dans l’histoire de l’Allemagne, il le fait en montrant que, une décennie seulement après la fin de la guerre, le spectre du nazisme et de la collaboration était présent en RDA. Surtout, grâce à ces jeunes héros pleins de vie et d’humour, La révolution silencieuse parvient à trouver une forme de légèreté pour aborder la question du totalitarisme. Mais aussi celles de la vérité face au mensonge permanent, de la loyauté à ses camarades ou du refus de renoncer à ses idéaux.
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En salle – Cinema Galeries.
VO sous-titrée français/néerlandais
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