Tesnota, d’une force inouïe
DRAME | Présenté à Cannes, dans la section Un certain regard où il a remporté le Prix de la Presse, Tesnota est le premier long métrage d’un cinéaste à surveiller de très près.
À la fin des années 90, aux confins de l’Europe et de l’Asie, une bourgade du Caucase du Nord russe voit cohabiter des citoyens d’origines très diverses. Ilana fait partie d’une famille juive et participe à la fête de fiançailles de son frère cadet avec une jeune fille de la même communauté. Peu après, David et sa fiancée sont enlevés. Une rançon est exigée, qui est bien au-delà des moyens très modestes de la famille. Une solution est proposée par les parents d’un garçon amoureux d’Ilana. Si elle l’épouse, ils payeront pour faire libérer son frère. Mais Ilana aime Zalim, un jeune homme appartenant à une autre « tribu », les Kabardes, en majorité musulmans sunnites. Chez les amis de Zalim, Ilana voit des vidéos d’égorgement de prisonniers russes par des guerriers tchétchènes…
Présenté à Cannes, dans la section Un certain regard où il a remporté le Prix de la Presse, Tesnota (littéralement « Étroitesse ») explore avec une force inouïe le contexte étouffant d’une existence limitée au-dedans par la pression communautaire et au-dehors par la montée d’une violence terrible. Ilana est un beau personnage, interprété très remarquablement par Darya Zhovner, et filmé avec une sensualité à fleur de peau par une caméra dont l’impressionnante virtuosité s’efface au profit d’une exigence de vérité constante, d’une très sombre lucidité aussi. Disciple d’Alexandre Sokourov, « directeur artistique » de Tesnota, Kantemir Balagov (également scénariste et monteur du film) révèle dès son premier long métrage un talent et une personnalité qui en font un cinéaste à suivre. De très près.
De Kantemir Balagov. Avec Darya Zhovner, Veniamin Kac, Olga Dragunova. 1h58. Sortie: 25/07. ****