Le Suricate Magazine, publié le 16 août 2016 par Sarah Buttice
Toni Erdmann
de Maren Ade
Tragi-comédie
Avec Peter Simonischek, Sandra Hüller
Le phénomène Winfried (Peter Simonischek), âgé d’une soixantaine d’années, quitte l’Allemagne sur un coup de tête pour se rendre à Bucarest où il compte bien se rapprocher de sa fille Inès (Sandra Hüller), femme d’affaires invétérée. Vivant à l’étranger pour le boulot et très soucieuse de sa carrière, celle-ci ne s’attendait pas à voir débarquer son clown de père… C’est pourquoi, elle se voit soulagée lors de son départ précipité, ou presque ! Bien décidé à lui redonner goût à la vie et à l’humour, Winfried fait son grand retour sous la peau de Toni Erdmann, un personnage délirant créé de toutes pièces ! Déstabilisée, Inès continuera-t-elle à déjouer les situations insolites que lui inflige son père ? Ou finira-t-elle par changer et se prêter au jeu ?
Il n’est pas étonnant que ce film ait été sélectionné au festival de Cannes. En effet, entre le jeu incroyable des deux acteurs et l’intrigue aussi touchante que réaliste, les spectateurs sont servis. Il faut le voir pour le croire et c’est sans hésitation que nous vous invitons à aller regarder Toni Erdmann ! Pourquoi passer à côté de deux personnages aussi attachants ? Certes, deux types de personnages que l’on connait que trop bien (le bouffon au grand cœur et la femme indépendante, riche ignorant qu’elle est malheureuse) mais que les acteurs arrivent à recréer et rendre uniques. Et cette unicité est palpable à travers la sensibilité enfouie en chacun des personnages: un père et une fille dont la relation n’est faite que de sentiments mis sous silence.
Mais ce silence devient un peu trop pesant au fil de l’intrigue car les spectateurs n’attendent finalement qu’une chose: qu’une confrontation ait lieu entre Winfried et Inès. Chaque scène crée une attente de plus mais qui n’est malheureusement jamais comblée, ce qui, à long terme, frustre même les moins sentimentaux d’entre nous. Le personnage de Toni nous invite à vouloir découvrir une Inès ouverte, amusante et altruiste. Mais cela met du temps à se réaliser car le film est tiré en longueur (beaucoup trop !) et présente un trop grand nombre de scènes qui n’ont finalement aucun impact sur l’intrigue. Tout cela finit par créer une légère pointe d’ennui chez les spectateurs excepté peut-être lorsqu’Inès pousse la chansonnette (enfin !) ou encore, lorsqu’elle se met dans certaines situations un poil embarrassantes. C’est sans aucun doute que Toni Erdmann est un très grand film et ce à travers des scènes bouleversantes, drôles, touchantes et délicates mais qui, malheureusement pour nous, se font rares.
Le lien vers l’article est ici