Dans l’adaptation par Emmanuel Finkiel du livre de Marguerite Duras, l’écrivaine est interprétée par Mélanie Thierry et accompagnée de Benoît Magimel, Benjamin Biolay… et même s’il n’apparaît qu’à la fin, Emmanuel Bourdieu, dans le rôle tragique de Robert Anthelme, le mari de Marguerite Duras qui a été déporté à Dachau pour faits de résistance et dont elle guette à Paris le retour.
En juin 1944, dans un paris encore occupé, la jeune romancière raconte dans son journal intime (qu’elle a prétendu n’avoir jamais retouché mais évidement c’est faux) l’attente angoissée de son mari mais aussi tout ce qu’elle est prête à faire pour le retrouver, y compris séduire cet agent français de la gestapo.
Nicolas Schaller : « vraiment remarquable »
C’est un film purement sensoriel et mental et qui arrive à concilier deux mouvements qui sont souvent contradictoires ou redondants au cinéma : l’image et la voix-off – c’est-à-dire le cinéma et la littérature. Il arrive à rendre palpable et vivant le texte de Marguerite Duras.
Ce qui est très beau, c’est cette manière de tenir le principe de mise en scène qui est de filmer en longue focale, avec ce flou toujours autours d’elle, c’est-à-dire qu’on voit effectivement des bribes et cette absence…
C’est un film qui assume une complexité, un côté mal-aimable qui le rend fascinant et terme de mise en scène et d’interprétation.
Sophie Avon : « Impressionnant, remarquable »
Emmanuel Finkiel se tire d’écueils super difficiles : adapter un livre (le livre de Duras en plus), cette période-là qui a déjà été très montrée au cinéma et qu’il filme a minima.
Ce qui est très habile de la part d’Emmanuel Finkiel, c’est que la problématique du livre (qui est la problématique de la littérature finalement : « comment dire ce qu’on ne peut pas dire ? »), il en fait une problématique de cinéaste finalement : « comment montrer ce qu’on ne peut pas filmer ? »
Danièle Heymann : « un film absolument miraculeux, une merveille »
Un acte de foi dans le cinéma : tout ce que peuvent montrer sans montrer le cinéma et la littérature. C’est pour moi une adaptation absolument géniale, parce qu’on est avec cette femme, avec ce que va devenir Marguerite Duras, dans ses mensonges, dans l’image qu’elle veut donner d’elle. Il arrive véritablement à montrer des strates de sensualité, de sensibilité. Il a un culot formidable.
Xavier Lehepeur : « un bonheur absolu de cinéma »
Je vais faire court : je suis absolument d’accord avec mes camarades : c’est un bonheur absolu de cinéma, de littérature, d’interprétation, de lumière (la photographie est extraordinaire, à la fois chaleureuse et froide)…
C’est un film sur la foi ! C’est quand même une femme intellectuelle et elle croit, vraiment, qu’il va rentrer. Tout, autour d’elle, lui dit « Mais non, prépare toi au deuil… avance le chemin, tu n’en souffriras que moins » mais elle y croit dur comme fer ! Si bien qu’à la fin, même si on la connaît, on a presque un doute : est-il vraiment derrière la porte ?